Haro sur l’ergomanie au Québec : étude d’exploration

Caroline QUIDOZ, conseillère d’orientationPDF


Auteur

Résumé/Abstract

La présente recherche avait pour objectif prioritaire d’étudier qualitativement l’ergomanie, afin de mieux comprendre le phénomène. Les résultats obtenus vont principalement dans le même sens que les théories de Robinson (2000). À savoir que les ergomanes ont une approche de la vie qui consume leur temps,leur énergie et leurs pensées; que leurs habitudes de travail interfèrent avec leurs relations sociales et intimes et qu’ils pensent souvent au travail. Cependant, en ce qui concerne les aspects portant sur la santé et la tendance à vivre dans le futur davantage que dans le présent, notre échantillon ne soulève pas tout à fait les mêmes conclusions.

Contenu

Introduction

Fondement théorique


Démarche méthodologique


Résultats


Conclusion


INTRODUCTION

De nos jours, dans notre société nord-américaine, le rythme de vie est très rapide. Certains avaient prévu une société de loisirs, mais nous en sommes loin. Au contraire, les gens travaillent de plus en plus, se dévouent de plus en plus à leur travail et en viennent à négliger les autres sphères de leur vie. Pour certains, cette réalité est encore plus vraie que pour d’autres. Oates en 1971, a même inventé un terme pour définir le problème. Il lui a donné le titre de « workaholism ». En français, ce concept porte le nom d’ergomanie. Ce terme provient du mot grec ergon qui veut dire travail et bien entendu du terme manie qui signifie obsession. Nous pourrions donc dire que l’ergomanie est l’obsession du travail. Ce concept est cependant beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, depuis Oates (1971) le terme « workaholism » s’est grandement répandu dans le langage populaire, mais très peu de recherches scientifiques s’y sont intéressées. De plus, les différents chercheurs ne s’entendent pas sur sa définition ni sur les causes et les conséquences. Par ailleurs, il semblerait qu’aucune étude scientifique francophone ne se soit penchée sur le sujet. Il reste donc encore beaucoup à faire avant de pouvoir dire que nous comprenons bien le phénomène; ce fléau des années 2000.

Cette problématique concerne, la carriérologie, car elle n’implique pas qu’une personne, mais un ensemble d’individus en lien avec le travail. Les comportements ergomanes ne touchent pas uniquement la personne qui en souffre, mais également l’organisation et sa famille. En effet, contrairement à la croyance populaire, une personne ergomane n’est pas nécessairement bénéfique pour l’organisation. De plus, étant donné que ces individus ne vivent pas toujours seuls, il y a donc des retombées sur leur famille.

FONDEMENT THÉORIQUE

Cette section a pour objet d’exposer le cadre théorique sur lequel nous nous sommes basées pour réaliser cette étude ainsi que de brosser un portrait d’ensemble des connaissances actuelles concernant l’ergomanie. Nous présenterons brièvement les différentes définitions existantes, les typologies, les causes et différents points de vue sur les conséquences. Finalement, nous exposerons les objectifs de cette recherche.

Cadre théorique

À la lumière des différents textes et auteurs consultés, la principale définition et la typologie retenues ont été celles de Robinson. Nous avons opté pour cet auteur, car il a effectué plusieurs recherches scientifiques afin de valider ses théories. De plus, il a développé un outil pour évaluer les risques de dépendance au travail. Il a d’ailleurs effectué plusieurs études pour l’évaluer (Robinson, 1992, 1994, 1995, 1999). Cependant, nous nous servirons également des théories d’autres auteurs mentionnés dans notre cadre théorique. Ces dernières sont parfois utiles afin d’apporter un éclairage que la théorie de Robinson ne permet pas.

Les différentes définitions existantes sur le concept d’ergomanie

Pour Robinson (1989, 1992, 1994, 1995, 1996, 1999, 2000a, 2000b) ce qui différencie ces individus des autres travailleurs, c’est qu’ils ont une approche de la vie où leur travail consume leur temps, leur énergie et leurs pensées. Leurs habitudes excessives de travail interfèrent avec leur santé physique, leur bonheur et leurs relations sociales et intimes. Ils ont également de la difficulté à contrôler leurs habitudes compulsives de travail, ils pensent trop souvent au travail et ils tendent à vivre davantage dans le futur que dans le présent.

D’autres auteurs tels que Spence et Robbins (1992), Bonebright, Clay et Ankenmann (2000), Burke (1999, 2001), Scott, Moore et Miceli (1997) et Naughton (1987) ont des visions différentes de ce qu’est l’ergomanie.

Pour Spence et Robbins (1992), Bonebright, Clay et Ankenmann (2000) et Burke (1999, 2001) il y a trois caractéristiques principales qui définissent l’ergomanie. La personne doit être fortement impliquée par son travail, se sentir obligée ou poussée à travailler en raison de pressions internes et éprouver peu de plaisir au travail.

Pour Scott, Moore et Miceli (1997) les individus s’engagent dans des patrons de workaholism lorsqu’ils : a) passent beaucoup de temps à travailler lorsque la décision leur appartient, b) pensent constamment et fréquemment au travail lorsqu’ils ne travaillent pas et c) travaillent au-delà de ce qui est raisonnablement attendu pour rencontrer les exigences de leur emploi ou pour combler les besoins économiques de base.

Pour Naughton (1987), l’un des principaux facteurs qui entre en jeu dans le problème de l’ergomanie est l’engagement au travail. Selon cet auteur, ce qui caractérise un ergomane d’un non-ergomane, c’est que pour le premier, son emploi est le point central de son temps et de son énergie. Il dépense plus de temps et d’énergie au travail que le fait le non-ergomane, pour qui d’autres alternatives que le travail peuvent être importantes. De plus, les ergomanes excluent ou réduisent sévèrement leurs opportunités de s’engager dans des activités qui ne sont pas reliées au travail. Par ailleurs, pour cet auteur, l’obsession-compulsion peut également être un second élément important de l’ergomanie, même selon lui, il y a des ergomanes non-obsessifs-compulsifs et des obsessifs-compulsifs non-ergomanes.

Les différentes typologies de l’ergomanie

Au-delà des différentes définitions, il existe également différentes typologies en fonction des auteurs.

Robinson (2000a, 2000b) a développé une typologie basée sur la quantité de travail initié en proportion avec la quantité de travail complété. Il a déterminé quatre types d’ergomanes : l’ergomane infatigable, l’ergomane boulimique, l’ergomane avec déficit d’attention et l’ergomane « savoring ».

1) L’ergomane infatigable, correspond au « dyed-in-the-wool workaholics » de Oates. Comme son nom l’indique, il est infatigable. Il initie beaucoup de travail et en complète également beaucoup. Il travaille compulsivement et constamment, jour et nuit ainsi que durant les vacances et les fins de semaine sans décrocher ou sans s’accorder de période de repos. Il est pressé et inflexible en ce qui concerne l’atteinte d’échéancier, souvent même une semaine avant l’horaire.

2) L’ergomane boulimique, pour sa part, démarre peu de projets et en mène plusieurs à terme. Il a des patrons de travail complexes qui vacillent entre la procrastination et la frénésie. Durant de longues périodes de temps, il procrastine. Son niveau de perfectionnisme est tellement élevé qu’il n’ose pas commencer de peur de ne pas être à la hauteur. Par la suite, il peut travailler sans relâche durant plusieurs jours d’affilés en se reposant à peine. À la fin de cette période de frénésie, il est tellement épuisé, qu’il peut tomber endormi tout habillé. Durant sa période de procrastination, on peut le prendre pour le type anorexique de Fassel (1990). Cependant, il n’est pas totalement inactif. Il travaille obsessivement dans sa tête.

3) L’ergomane avec déficit d’attention, quant à lui, est un ergomane qui recherche constamment l’adrénaline. C’est une drogue vitale pour lui. Il est facilement ennuyé et recherche constamment des stimulations. Il aime les emplois risqués, vivre sur la corde raide autant au travail qu’au jeu. Il entreprend plusieurs projets, mais en terminent peu. Il a de la difficulté à se concentrer sur la tâche devant lui, devient ennuyé et saute au prochain item à l’agenda, laissant plusieurs projets inachevés pour obtenir une autre dose d’adrénaline.

4) L’ergomane « savoring » est lent, délibéré et méthodique. Perfectionniste, il a peur que le projet fini ne soit pas assez bon. Il savoure son travail comme l’alcoolique savourerait un verre de bourbon. Il entame peu de travail et en termine peu, car il prolonge et crée du travail additionnel lorsqu’il réalise qu’il a presque fini un projet. Il coupe les cheveux en quatre à trop analyser, reste pris dans les détails et réexamine les tâches au point d’entraver son habileté à initier et compléter un travail dans un délai opportun. La figure 1.1 représente ces 4 types en fonction de ces deux facteurs.

Figure 1.1
Typologie de l’ergomanie selon Robinson (2000a, 2000b)

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Plusieurs autres auteurs tels Oates, Fassel, Scott et al., Spence & Robbins ainsi que Naughton ont également élaboré différentes typologies d’ergomanie, en fonction de leur conception de l’ergomanie.

Oates (1971), cité par Robinson (2000a), fut le premier à concevoir des types d’ergomanie. Il en détermina cinq grands types. L’ergomane-né (dyed-in-the-wool workaholics), l’ergomane converti, l’ergomane « situationnel », le pseudo-ergomane et le fuyard (escapist). L’ergomane-né est le seul vrai ergomane. Il est un perfectionniste qui prend son travail au sérieux, produit un travail qui rencontre de très hauts standards et il a en horreur l’incompétence chez les autres. L’ergomane converti était ergomane, mais il ne l’est plus. Il s’impose des limites à ses heures de travail. Il garde précieusement ses temps libres et évite le temps supplémentaire ou les surcharges de travail. Le « situationnel » n’a pas une personnalité ergomane, il travaille pour atteindre une sécurité d’emploi plutôt qu’en raison de besoins psychiques internes ou pour le prestige. Le pseudo-ergomane a superficiellement les caractéristiques de l’ergomane-né. Il prétend être un sérieux ergomane pour avancer dans la puissante structure organisationnelle. Cependant, son orientation en est une de pouvoir et non de productivité. Le fuyard trouve dans le travail une échappatoire à une vie déplaisante à la maison. Il reste tout simplement au travail ou au bureau pour ne pas retourner à la maison.

Fassel (1990), cité par Robinson (2000a), a pour sa part fait la distinction entre 4 types d’ergomanes. 1) Le travailleur compulsif, poussé malgré lui à travailler tout le temps est celui sur lequel le stéréotype de l’ergomane est basé. 2) Le « travailleur noceur » même s’il partage les caractéristiques du compulsif, travaille intensivement sans relâche seulement à la fin d’un projet plutôt que de façon constante. 3) Le travailleur garde-robe (closet worker) cache du travail pour ne pas être découvert et garde souvent une pile de travail qu’il peut secrètement sortir quand personne n’est aux alentours, comme un alcoolique avec une bouteille cachée. 4) L’anorexique du travail est une personne pour qui éviter le travail est autant une compulsion que trop travailler pour l’ergomane.

Scott et al. (1997) sur la base de leur revue de la littérature suggèrent qu’il y ait trois types d’ergomane. L’ergomane compulsif-dépendant, l’ergomane perfectionniste et l’ergomane « orienté vers la réussite ». 1) L’ergomane compulsif-dépendant est celui qui démontre des symptômes d’obsession-compulsion. Il travaille plus longtemps qu’il en avait l’intention au départ. Il reconnaît qu’il travaille excessivement, mais il ne peut pas se contrôler. Il continue de travailler excessivement en dépit de problèmes sociaux ou de santé et il éprouve des symptômes de manque déplaisant lorsqu’il ne travaille pas. 2) L’ergomane perfectionniste pour sa part valorise le travail et la productivité au point d’exclure les loisirs et les activités sociales. Il démontre des comportements contrôlants, rigides et inflexibles et il est préoccupé par les détails, les règles et les listes. 3) L’ergomane « orienté vers la réussite », quant à lui, est vu positivement parce qu’il lutte pour la réussite, le succès et l’accomplissement de tâches modérément difficiles. Il est motivé par la compétition et il est capable de retarder les gratifications et de se concentrer sur des buts lointains.

Spences et Robbins (1992) sur la base d’analyses en grappe (cluster analysis) ont déterminé trois types d’ergomanes. L’ergomane, le travailleur enthousiaste et l’ergomane enthousiaste. Dans leur typologie, il y a également trois types de travailleurs non-ergomanes. Il y a le travailleur non-engagé, le travailleur relax et travailleur désenchanté. Le tableau 1.1 représente ces six types en fonction de trois critères : l’investissement au travail, sentir une obligation ou une force interne qui nous pousse à travailler et le niveau de plaisir au travail. Burke (2001) a adhéré à cette catégorisation et a même effectué une étude portant sur la stabilité test re-test de ces types.

Tableau 1.1
Typologies de l’ergomanie selon Spence et Robbins (1992)

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Pour Naughton (1987), il y deux facteurs importants pour comprendre l’ergomanie :
l’engagement au travail et l’obsession-compulsion. A partir de ces deux dimensions, il a créé une typologie. La figure 1.2 démontre ces quatre catégories en fonction des deux facteurs.

Figure 1.2
Typologie de l’ergomanie selon Naughton (1987)

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Les différentes causes pouvant expliquer l’ergomanie

Parmi les différents auteurs consultés, les seuls auteurs qui ont défini certaines causes de l’ergomanie sont Seybold et Salomone (1994). Dans leur article, ils ont inventorié six causes possibles de l’ergomanie. Selon eux, un engagement excessif au travail qui se manifeste par une négligence des autres aspects importants de la vie peut avoir pour causes : a) une dépendance qui est incontrôlable, b) une fuite des problèmes personnels, incluant l’évitement de l’intimité avec les autres personnes, c) un besoin profond et intense de contrôle sur sa vie, d) une nature excessivement compétitive, souvent associée à un désir intense de réussite, e) une image de soi endommagée et une estime de soi limitée résultant de traumatisme de l’enfance incluant la pauvreté et f) des parents ou modèles ergomanes.

Les conséquences de l’ergomanie

Robinson (2000a) a étudié les effets de l’ergomanie sur la famille de l’ergomane. Il explique que les répercussions sur la vie de famille et sur les membres de la famille sont importantes. Même si certains auteurs considèrent que l’ergomanie n’est pas nécessairement négative, Robinson (2000a) soutient qu’il y a toujours des effets négatifs pour la famille. Les conjointes et enfants des ergomanes rapportent se sentir seuls, pas aimés et émotionnellement et physiquement isolés (Robinson 2000a). Un refrain commun est que même lorsqu’il est présent physiquement, l’ergomane est émotionnellement non disponible et déconnecté de sa famille. Les conjointes des ergomanes peuvent avoir eu à élever les enfants seules et se plaignent que la majeure partie des responsabilités reliées à l’éducation des enfants soit déchargée sur elles. Remplies de ressentiment en raison de cet arrangement à sens unique, elles ont tendance à réagir avec colère et à se plaindre. De leur côté, certains ergomanes utilisent ces plaintes verbales pour justifier leurs comportements. Il s’ensuit donc un cercle vicieux. De plus, lorsque les alliances familiales entre la mère et les enfants se sont solidifiées par l’absence du père ergomane, la conjointe éprouve du ressentiment lorsque l’ergomane essaie de devenir plus impliqué activement dans sa famille, car elle voit cette implication comme une violation de son territoire. Les enfants plus âgés aussi repoussent souvent les tentatives de l’ergomane qui cherche à rétablir les contacts avec sa famille parce qu’ils trouvent que c’est trop peu, trop tard ou les deux.

Selon Scott et al (1997), les conséquences dépendent du type d’ergomane. Ils ont défini 14 propositions décrivant les conséquences de l’ergomanie en fonction de l’organisation et du type d’ergomane. Ils comparent également les ergomanes aux autres travailleurs non-ergomanes et non, les différents types d’ergomanes entre eux.

L’objectif de la présente recherche

La présente recherche avait pour objectif prioritaire d’étudier qualitativement, le phénomène de l’ergomanie afin de mieux comprendre le phénomène. À la lumière des auteurs consultés, cette recherche exploratoire visait à:

  1. Sélectionner des personnes qui correspondent à la définition d’ergomane selon Robinson
  2. Recueillir de plus amples informations sur les causes de l’ergomanie (motivations, comportements, pensées)
  3. Recueillir de plus amples informations sur les conséquences de l’ergomanie
  4. Comparer les données recueillies pour vérifier si elles vont dans le même sens que les théories existantes.

DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

En dépit du fait que le terme « workaholism » est grandement répandu dans le langage populaire, nous ne comprenons pas encore très bien le phénomène. Dans le but de mieux le comprendre, nous avons choisi d’effectuer une étude de type qualitatif. La méthodologie employée pour cette recherche est présentée dans cette partie.

Choix des sujets

Le choix des sujets s’est effectué en deux étapes. Dans un premier temps, nous avons fait circuler une annonce à l’Université du Québec à Montréal mentionnant que nous effectuions une étude sur l’ergomanie (workaholism) et que nous avions besoin de 10 candidats qui croient l’être. Nous avons également mentionné que ces individus devaient répondre à un test et à un questionnaire sur ce thème. Il était également mentionné que pour être éligible, une personne proche de la personne ergomane devait être disponible pour participer à l’étude, car elle aussi avait à répondre au test et au questionnaire. Les individus intéressés à participer à cette étude devaient nous appeler. Au téléphone, une première évaluation globale de la situation de la personne a été effectuée pour s’assurer qu’elles correspondaient au type de personne recherché. Par la suite, les questionnaires leur étaient envoyés par la poste ou par courriel. Les participants nous les retournaient complétés de la même façon. Dans un deuxième temps, nous n’avons retenu que les réponses des sujets qui avaient un niveau élevé de risque d’ergomanie selon Robinson.

La cueillette de données

Outils de mesure utilisés pour les ergomanes

Le test «Work Addiction Risk Test »

Cette étude exploratoire de type qualitatif s’est effectuée à partir d’une traduction française, effectuée par une traductrice, du «Work Addiction Risk Test» construit par Robinson (1989) et validée de différentes façons au fil des ans (Robinson 1992, 1994, 1995, 1999). Ce test est constitué de 25 énoncés. Les répondants évaluent chaque item sur une échelle en 4 points qui va de Jamais Vrai à Toujours Vrai, où Jamais Vrai égal 1 et Toujours Vrai égal 4, en fonction du rapprochement avec leurs habitudes de travail. Pour évaluer le niveau de risque, il suffit de calculer les cotes indiquées pour chaque item. Plus le score est élevé, plus le niveau de risque est élevé. De plus, Robinson a établi 3 niveaux de risque : faible, moyen et élevé. Un score compris entre 25 et 56 signifie un niveau de risque faible, un score compris entre 57 et 66 indique un niveau de risque moyen et un score au-dessus de 67 signifie un niveau de risque élevé.

Le questionnaire destiné aux ergomanes

Afin de recueillir des informations d’ordre qualitatif, sur les motivations de la personne, ses habitudes excessives et ses préoccupations mentales, nous lui avons également demandé de remplir un questionnaire maison. Ce questionnaire touche les thèmes de la dépendance et de l’obsession, le perfectionnisme, les motivations, les habitudes de travail et de non-travail, les préoccupations mentales et les impacts qu’ils pensent qu’ont leurs comportements sur le travail, leur santé et leur famille.

Outil de mesure utilisé avec une personne proche

De plus, comme le suggère Robinson (2000a), nous avons demandé à une personne proche de nos sujets de répondre au «Work Addiction Risk Test» en fonction de la personne ergomane. Nous avons ensuite comparé les données afin de vérifier si les ergomanes se perçoivent de la même façon que leurs proches.

Nous leur avons également demandé de remplir un questionnaire portant sur la façon dont ils perçoivent la personne ergomane et sur l’impact qu’a sur eux et leur famille leur dépendance au travail.

Traitements des données

Analyse des données recueillies par les tests
En ce qui concerne l’analyse des données recueillies par les tests, nous avons dans un premier temps calculé le score de chacun des sujets, pour le test passé par le sujet lui-même et celui passé par la personne proche de lui. Par la suite, nous avons comparé les deux résultats pour évaluer si les ergomanes se perçoivent de la même manière que leurs proches peuvent les percevoir.

Analyse des questionnaires

Questions fermées

En ce qui concerne les questions fermées, notamment à choix multiples, nous avons calculé les fréquences et les pourcentages, c’est-à-dire le nombre de répondants associé à chaque réponse.

En ce qui concerne les questions dichotomiques, obligeant le répondant à choisir entre deux réponses (ex : entre oui ou non), le nombre de répondants ayant répondu par l’une ou l’autre des réponses a été comptabilisé.

En ce qui concerne les questions comportant plusieurs volets fermés, nous avons dans un premier temps, comptabilisé le nombre de réponses positives ou négatives et ensuite nous avons appliqué le même procédé à la ou aux sous-questions.

En ce qui concerne les questions mixtes comportant un volet fermé et un volet ouvert, les personnes qui ont répondu par la positive ou parfois à la négative au volet fermé avaient à répondre à une sous-question ouverte. Pour la partie fermée, nous avons comptabilisé le nombre de répondants ayant répondu par l’affirmative ou la négative. En ce qui concerne la partie ouverte, nous avons traité l’analyse des données dans la section suivante.

Questions ouvertes

En ce qui concerne les questions ouvertes, nous avons eu recours à l’analyse de contenu.

RÉSULTATS

L’analyse est en partie quantitative et en partie qualitative. Nous avons d’abord utilisé l’analyse descriptive pour nous permettre de faire ressortir les éléments les plus fréquemment évoqués de l’ergomanie. Nous avons également comparé certaines données transmises par les ergomanes et par les personnes proches d’elles. Finalement, nous avons analysé les résultats en comparant les résultats obtenus aux différentes théories existantes, principalement celles de Robinson.

L’échantillon se répartissait de la façon suivante. Il y avait un peu plus d’hommes que de femmes, soit 6 hommes et 4 femmes. Il y avait 4 ergomanes âgés entre 30 et 50 ans, 5 qui avaient plus de 50 ans et aucun avait moins de 30 ans. La totalité des personnes interrogées étaient en couple. Il y en avaient quatre qui étaient en couple depuis 5 à 15 ans, 2 qui l’étaient depuis 15 à 25 ans, 4 qui l’était depuis plus de 25 ans et aucun depuis moins de 5 ans. Par ailleurs, au niveau de la distribution en fonction du travail, quatre individus travaillaient depuis moins de 5 ans pour la même entreprise, 3 personnes travaillaient depuis 5 à 15 ans, une autre depuis 15 à 25 ans et deux travaillaient pour la même entreprise depuis plus de 25 ans. En ce qui concerne la taille de l’entreprise, 4 sujets travaillaient dans une petite entreprise, 4 autres dans une moyenne entreprise et 2 dans une grande entreprise. Pour les types d’occupation, une personne était gestionnaire, 4 étaient des entrepreneurs, 3 étaient des professionnelles, une était travailleuse autonome et une autre oeuvrait dans le milieu de l’informatique. Finalement, toutes les personnes proches qui avaient répondu aux questionnaires, étaient les conjoints ou conjointes des ergomanes.

Les résultats obtenus vont en général sensiblement dans le même sens que les éléments apportés par la théorie de Robinson, à savoir que les ergomanes seraient majoritairement des hommes, qu’ils ont une approche de la vie où leur travail consume leur temps, leur énergie et leurs pensées; que leurs habitudes de travail interfèrent avec leurs relations sociales et intimes et qu’ils pensent souvent au travail. Cependant, en ce qui concerne les aspects portant sur la santé et la tendance à vivre dans le futur davantage que dans le présent, notre échantillon ne soulève pas tout à fait les mêmes conclusions (voir tableaux 1.2 et 1.3).

Tableau 1.2
Répartition des ergomanes en fonction de leur perception sur le thème de la santé

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Tableau 1.3
Répartition des ergomanes en fonction de leurs pensées

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En effet, comme vous avez pu le constater, la majorité de nos candidats (9/10) ne souffrent pas de problèmes de santé. Et 6 sur 10 disent de ne pas rester à la maison lorsqu’ils sont malades. De plus, 3 de ces ergomanes disent qu’ils ne restent pas à la maison lorsqu’ils sont malades, car ils ne sont, à toute fin pratique, jamais malades. À première, vue ces résultats semblent surprenants. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il s’agit de données recueillies grâce à un auto-questionnaire. Les ergomanes nous donnent donc l’information comme ils la perçoivent. Il est donc possible, que ces individus se perçoivent rarement malades, car pour eux avoir un petit rhume n’est pas être malade. Autrement dit, des problèmes de santé mineurs ne sont pas suffisants pour les empêcher de travailler. La désirabilité sociale peut aussi avoir joué un rôle dans leurs réponses. Pour certains, il n’est pas facile d’avouer sa fragilité, ses maux, les conséquences de ses excès de travail.

Par ailleurs, 4 sur 6 nous ont également dit qu’ils ne restaient pas à la maison lorsqu’ils sont malades, car ils ont trop de travail. Ces individus ont un rythme de travail élevé. Ils se doivent d’être toujours performants. S’ils doivent rester à la maison pour raison de santé, le travail s’accumule. À leur retour, ils auraient une grosse somme de travail à assumer en plus de leur boulot habituel, puisqu’ils ont une image à préserver. De plus, certains se croient indispensables pour le bon fonctionnement de leur entreprise. Nous pouvons donc comprendre que la motivation profonde qui les influence est la perception qu’ils ont de leur rôle et de leur importance en tant que travailleurs.

En ce qui concerne les préoccupations futures, seulement 4 ergomanes sur 10 disent que cela leur arrive souvent de penser à l’avenir et d’oublier complètement le présent. Nous nous attendions à un résultat plus élevé. Les ergomanes qui oublient le présent pensent principalement à des aspects non-reliés à leur travail, ce qui est particulier, puisqu’ils pensent également tous à leur travail lorsqu’ils ne sont pas au bureau. Par ailleurs, 4 ergomanes et 3 proches nous disent que l’ergomane est parfois inaccessible. Nous aurions pu croire qu’il s’agissait des mêmes individus qui étaient à la fois souvent perdus dans leurs pensées en raison de leur travail et/ou qui pensent à des sujets futurs non-liés à leur travail qui adoptent également des comportements distants. Il semblerait que cela ne soit pas le cas. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour mieux comprendre cette dynamique.

Par ailleurs, le thème le plus souvent mentionné est la retraite (3 sur 4). Il est possible que ces individus soient en âge de la prendre, mais qu’ils soient dans l’impossibilité d’arrêter pour différentes raisons. Il est également possible qu’ils aient bientôt l’occasion de la prendre. Ceci pourrait expliquer pourquoi cette préoccupation se retrouve au premier rang. Une personne pense également aux moments de détentes et de loisirs qu’elle aime. Les deux autres, pensent à des thèmes reliés au travail : l’emploi idéal et la réussite de son entreprise. Parmi toutes ces réponses, il n’y a que ces deux dernières qui sont davantage en lien avec les résultats anticipés, à savoir que les ergomanes sont préoccupées par leur travail. Cependant, il faut admettre que Robinson (1989, 1992, 1994, 1995, 1996, 1999, 2000a, 2000b) n’a pas été aussi spécifique. Ce chercheur a simplement écrit qu’une des caractéristiques était d’avoir tendance à être davantage centré sur l’avenir au point d’en oublier le présent. Notre échantillon permet donc de réaliser que lorsque les ergomanes rêvassent, ils ne pensent pas nécessairement à leur travail, même si tous nos répondants disent penser souvent à leur travail, même lorsqu’ils ne sont pas au bureau. Donc, si nous nous fions à ces résultats, il semblerait que les ergomanes pensent souvent à leur travail, mais pas au point d’en oublier le présent. D’autres données vont dans ce sens. Ils font des activités de loisirs et leurs conjoint(es) (6/10) ne les trouvent pas inaccessibles.

De plus, il semblerait que ce ne soit pas la majorité des répondants qui apportent souvent du travail à la maison. En effet, 6 ergomanes sur 10 et 5 proches, disent que l’ergomane en apporte pas souvent. Le type d’occupation peut possiblement expliquer ce résultat. En effet, certains types d’entrepreneurs, de professionnels et de travailleurs du domaine de l’informatique occupent des emplois qui ne se prêtent pas bien à ce genre de pratique.

Certaines de nos données portant sur les habitudes excessives des ergomanes vont sensiblement dans le sens de la théorie de Robinson. De plus, ceci semble également concorder avec les théories d’autres auteurs (Voir tableau 1.4 et 1.5) Il semblerait également que notre échantillon confirme également que les habitudes de travail des ergomanes peut affecter leur relation familiale ou de couple (Voir tableau 1.6).

Tableau 1.4
Habitudes de travail des ergomanes en fonction  du nombre d’heures de travail par semaine

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Tableau 1.5
Habitudes de travail des ergomanes  en fonction de leurs collègues

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Tableau 1.6
Effets des habitudes de travail des ergomanes sur leur vie de couple

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En effet, en ce qui concerne le nombre d’heures travaillé par semaine, seulement 2 sujets sur 10 disent travailler plus de 60 heures par semaine et un a dit travailler 40 heures et moins. Cependant, 7 sur 10 disent être au travail entre 40 et 60 heures par semaine. De plus, 8 répondants sur 10 ont mentionné que leurs collègues de travail ne restent pas aussi longtemps qu’eux au bureau. Il est à noter que la semaine de travail normale est de 40 heures. Nos répondants travaillent donc, en majorité, tout de même plus longtemps que la moyenne des gens. De plus, ce qui est encore plus important, c’est qu’ils travaillent plus que leurs collègues et cette information est révélatrice, car selon Scott, Moore et Miceli (1997), ce n’est pas tant le nombre d’heures travaillées qui est important, mais le fait qu’ils travaillent au-delà de ce qui est raisonnablement attendu pour rencontrer les exigences de leur emploi.

En ce qui concerne les relations amicales et intimes, 3 couples sur 9 disent avoir des problèmes de couple en raison des habitudes de travail des ergomanes. Cependant, nous devons en ajouter 4 qui ont déjà vécu des difficultés de couple en raison de leurs habitudes de travail. Ce qui fait au total 7 personnes sur 10 qui ont ou ont déjà eu des difficultés de couple en raison de leurs habitudes de travail. Nous nous attendions tout de même à obtenir un résultat plus élevé concernant les problèmes de couples actuels. Quelques hypothèses peuvent expliquer ce résultat. Le fait que leurs proches ne trouvent pas qu’ils travaillent trop et qu’ils ne trouvent pas difficile qu’ils travaillent beaucoup; qu’ils n’ont pas souvent tendance à oublier le présent et à apporter du travail à la maison et qu’ils font au moins parfois des activités de loisirs, donc qu’ils sont accessibles lorsqu’ils sont présents, contribuent possiblement au bon fonctionnent de leur couple. Notre deuxième hypothèse est purement spéculative et ne repose sur aucune donnée apportée par cette recherche. Nous pensons que les personnes qui n’ont pas de problèmes de couple ont soit réussi à surmonter leurs problèmes ou soit qu’ils sont en couples avec des personnes qui sont également très occupées et/ou qu’elles sont indépendantes et n’attendent pas après les ergomanes pour faire leur vie.

Si nous examinons les raisons qui poussent les ergomanes à travailler autant, nous pouvons remarquer que quatre individus sur six nous disent que c’est parce qu’ils aiment leur travail. Cette information ne serait pas conforme à la définition que Spence et Robbins (1992), Bonebright, Clay et Ankenmann (2000) et Burke (1999, 2001) donne de l’ergomanie. En effet, selon eux, les ergomanes sont sensés éprouver peu de plaisir à travailler. De plus, ces auteurs mentionnent que les ergomanes se sentent obligés ou poussés à travailler en raison de pressions internes. En effet, 6 ergomanes sur 10 et 7 proches sur 10 disent que l’ergomane fait souvent ou fréquemment des activités de loisirs qui ne sont pas en lien avec le travail. Aucun de nos répondants ont sélectionné l’option : «Je me sens obligé de travailler». De plus, plusieurs ergomanes ont des activités de loisirs non reliées à leur travail. Nous pouvons donc nous poser des questions sur la définition de ces auteurs ou sur l’état de conscience de nos sujets. En effet, il est possible que ces derniers ne soient pas réellement conscients des motivations profondes qui les poussent à travailler. D’autres types de tests psychométriques seraient nécessaires pour mieux évaluer cet aspect de l’ergomanie.

En ce qui concerne les réactions des ergomanes lorsqu’ils sont confrontés à des personnes qui n’ont pas les mêmes standards qu’eux, les données démontrent que pour la majorité (9/10), cette situation est dérangeante. Ces résultats sont conformes à nos attentes, car notre idée était que ces personnes supportent mal ce qu’elles appelleraient « l’imbécillité » et elles sont souvent intransigeantes. Ce qui est intéressant de constater, c’est que cinq d’entre elles ne se contentent pas d’être en désaccord avec ces individus, mais agissent de façon à modifier leur environnement pour qu’il leur ressemble davantage. Étant donné que parmi nos sujets, 4 d’entre eux sont des entrepreneurs, il est fort possible qu’ils s’entourent d’employés ergomanes ou qu’ils incitent et valorisent les comportements ergomanes. Il serait donc intéressant de connaître la proportion des individus ayant des comportements ergomanes ou étant à haut risque travaillant pour ces quatre sujets.

En ce qui concerne nos ergomanes qui disent n’avoir pas souvent tendance à retarder la fin d’un projet (9/10), nous croyons qu’ils font probablement partie de la catégorie des « infatigables ». Deux autres indices nous permettent également de le croire. Premièrement, la majorité de nos ergomanes (9/10) nous disent qu’ils sont profitables pour leur entreprise, car ils sont efficaces et contribuent au succès de l’entreprise. Nous en concluons donc qu’ils initient beaucoup de travail et en terminent beaucoup. De plus, la majorité d’entre eux (7 sur 10) sont à l’aise lorsqu’ils doivent produire un travail rapidement et un autre se sent pressé, mais apte à le faire. En ce qui concerne l’ergomane qui dit retarder souvent la fin d’un projet ou repousser une échéance, il peut s’agir d’une ergomane «savouring», mais les données ne nous permettent pas de l’affirmer.

Par ailleurs, étant donné que cette étude porte sur un très faible échantillon, il serait intéressant que des recherches ultérieures jettent un regard sur certaines données que nous avons recueillies qui ne sont pas conformes aux attentes ou aux théories consultées et que nous n’arrivons pas à expliquer. Les thèmes sont les suivants : oublier le présent et penser au futur, faire des activités de loisirs qui ne sont pas en lien avec le travail et la santé.

Dans un autre ordre d’idées, des commentaires doivent être émis concernant le fait que certaines données ont été validées auprès des personnes proches des ergomanes. Premièrement, les avoir questionné a apporté des informations très intéressantes et il serait avantageux que ce moyen soit réutilisé dans d’autres recherches sur le sujet. De plus, il serait intéressant qu’il y ait plus de questions «jumelées». Par ailleurs, il ne fut pas facile d’analyser ce genre de données et c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas réutilisé ces données dans cette section.

D’autres limitations doivent être mentionnées concernant cette recherche. Nous avons utilisé une traduction non-validé d’un inventaire et des questionnaires maisons. Ceci limite donc la valeur scientifique de cette recherche. Cependant, elle peut apporter des informations intéressantes sur le sujet et constitue un des rares textes francophones disponibles.

CONCLUSION

En conclusion, nous pouvons affirmer que notre échantillon correspond sensiblement à la théorie apportée par Robinson. De plus, cette recherche nous a permis d’effleurer les motivations et les mécanismes psychologiques reliés à l’ergomanie. Nous avons entre autres, soulevé l’hypothèse que les ergomanes ont tendance à considérer leur rôle de travailleur comme étant très important. Nous croyons qu’il serait fort intéressant d’explorer davantage cette avenue.

Un autre élément qui ressort de cette recherche est que les conjoint(e)s semblent avoir sur plusieurs points, la même vision de la réalité que les ergomanes. Il serait pertinent, selon nous, que d’autres recherches étudient plus en profondeur les couples dont l’une des personnes est ergomane.

Étant donné que notre échantillon ne portait que sur des couples, nous croyons que des recherches futures devraient se pencher sur la question des ergomanes solitaires, car nous croyons que leur réalité est probablement fort différente. De plus, nous croyons, qu’il serait intéressant d’effectuer une recherche comparative entre les ergomanes célibataires et en couples.

Finalement, étant donné que parmi nos ergomanes, quatre sont entrepreneurs, nous croyons qu’il serait intéressant d’effectuer des recherches plus poussées sur ce groupe de travailleurs et les effets de chefs d’entreprises ergomanes sur leur organisation et leurs employés.

Auteur

Caroline Quidoz est conseillère d’orientation au Carrefour Jeunesse Emploi Montcalm à Ste-Julienne (Québec) depuis juin 2002. Elle a effectué cette recherche dans le cadre de sa maîtrise en éducation, profil carriérologie à l’Université du Québec à Montréal en 2002, sous la supervision de Yves Chagnon. Courriel: carolinequidoz@yahoo.com

Abstract

The present research project had as its main objective to qualitively study workaholism, so as to better understand the phenomena. The results obtained are consistant with Robinson’s (2000) theories, which indicate than workaholics have lifestyle habits that dominate their time, energy and thoughts, that their work habits interfere with their social and intimate relationships and that they spent a lot of time thinking about their work. However with respect to health and the tendancy to live more in the future than the present, our study does not support the same conclusion.

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